Journée internationale des abeilles – Discours

Journée internationale des abeilles – Discours

Discours prononcé à l’occasion de la Journée mondiale des Alpes, lors de ma visite officielle en Slovénie. C’est précisément la Slovénie qui s’est engagée en faveur de la création de cette journée.

Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, nous célébrons la deuxième édition de la « Journée internationale des abeilles ». Nul doute que cet événement a une résonnance toute particulière ici, en Slovénie, puisque c’est à l’initiative de votre pays que l’ONU a décrété que le 20 mai serait dédié aux butineurs. Rappelons d’ailleurs, au cas où certains l’ignoreraient encore, que cette date a été choisie en l’honneur de votre compatriote Anton Jansa. Ce pionnier de l’apiculture moderne, dont l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche s’était attaché les services, est né le 20 mai 1734.

La Suisse a activement soutenu l’initiative slovène de faire du 20 mai la journée mondiale des abeilles. Si mon pays n’a pas d’apiculteur de renom comme Jansa, il y a toutefois beaucoup d’apiculteurs et beaucoup de d’autres talents, à l’instar du réalisateur suisse Markus Imhoof, que je salue et remercie d’être avec nous. Son documentaire « More Than Honey » a permis de sensibiliser des milliers de personnes à la disparation des abeilles et aux conséquences que cela aura sur l’homme. Un documentaire qui est un de films suisse plus de succès.

Je peux m’imaginer que, en dehors des cercles éclairés, bien des gens restent incrédules à l’idée qu’une journée soit consacrée à un insecte.

Cependant, il ne s’agit pas de n’importe quel insecte, mais bien de l’un des piliers de nos écosystèmes. Certes, l’abeille est surtout connue comme productrice de miel, cette douceur qui fait le bonheur de nos papilles et à laquelle beaucoup prêtent des vertus thérapeutiques. Mais surtout, elle garantit la fécondation et le maintien de millions de plantes. Rien qu’en Europe, 80 % des espèces végétales dépendent des abeilles pour leur survie. On peut résumer l’importance de cet insecte au moyen d’une formule toute simple : sans abeilles, pas de plantes ; sans plantes, pas d’agriculture ; sans agriculture, pas de nourriture pour l’humanité.

La situation des abeilles dans le monde est aujourd’hui préoccupante. Les colonies d’abeilles sont de plus en plus attaquées de toute part par les pesticides et la pollution. Le rapport sur la biodiversité de l’IPBES, le groupe d’experts de l’ONU, publié au début du mois de mai, est alarmant sur la biodiversité. Aujourd’hui, plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction. Parmi ces insectes il y a aussi les abeilles, ces insectes qui nous sont si indispensables et que nous devons défendre par des mesures en faveur de la biodiversité et contre le changement climatique. La Slovénie a été un des premiers pays à interdire sur son territoire des pesticides dangereux pour les abeilles et, en générales pour les insectes et est donc un exemple pour tout le monde.

Permettez-moi d’évoquer aussi un tout autre aspect, plutôt insolite celui-là. Il s’agit de la place donnée aux abeilles dans la culture.

Dans l’Antiquité, les Egyptiens leur vouaient un véritable culte. Quant aux Mérovingiens, ils enterraient leurs rois avec des médaillons en forme d’abeille comme offrandes funéraires.

Quelques siècles plus tard, Shakespeare a usé de la métaphore de la ruche dans sa pièce « Henri V ».

Napoléon, pour sa part, a fait de l’abeille son emblème personnel. Enfin, l’écrivain Wilhelm Busch – qui était aussi apiculteur à ses heures – a mis les butineuses à l’honneur dans certaines de ces œuvres. D’ailleurs, on ne saurait évoquer la littérature sans parler du célèbre personnage inventé par Waldemar Bonsels, Maya l’abeille : les aventures de cette petite créature indépendante et curieuse ont rencontré une popularité inouïe. Les lettres modernes ne sont pas en reste : ainsi, dans son roman « The Bees », l’écrivaine anglaise Laline Paull traite des liens entre l’individu et la société à travers les abeilles. Ces dernières représentent aussi une source d’inspiration intarissable pour les acteurs du monde politique que nous sommes : essaims qui, par des mouvements coordonnés, maintiennent la chaleur de la ruche, répartition du travail, communication intuitive, mais également reines qui règnent sur des colonies entières, matriarcat et intelligence collective.

Ainsi, les abeilles sont « more than honey ». Outre leur importance biologique et économique fondamentale pour le genre humain, elles constituent manifestement une source d’inspiration culturelle et politique.

Je vous remercie de votre attention.

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